jeudi 16 août 2012

La résurrection.

Pour la toute dernière de toute les fois, je foulais du pied ces ruelles toujours méconnues en la ville de ma jeunesse. Je me perdais, comme à l'époque. Je savais où je voulais aller, mais j'ignorais l'itinéraire précis pour y parvenir. Mais cela faisait partie du jeu. J'avais mes repères : le grand hôpital, ici, à côté, le champs et, là-bas, l'ancien lycée. Près de lui courrait le sentier boisé où nous aimions nous inventer quelques aventures burlesques, mes camarades et moi.

Le naviguais entre les maisons toute similaires du quartier résidentielles, chacune n'étant différente de sa voisine que dans l'abjecte couleur choisie pour la peinture de sa porte et ses volets. Sans trop savoir comment, alors que je pensais être à l'opposé du supermarché, je débouchais sur le terrain-vague attenant à ce dernier. Des caisses s'y empilaient, dans un usage futur obscur, toujours. Rien n'avais changé. D'ici, je savais comment aller à l'ancien lycée, mais je décidais d'abord de passer par le chemin boisé.

À ma grande surprise, sa grille était fermée, cadenassée, mais la clôture tout contre, à deux mètres à peine, laissait un trou béant absorber qui bon lui semblait en son enceinte. Je m'y engouffrais. Les insectes d'été bourdonnaient entre les herbes folles, et les lattes de bois du sentier aménagé craquaient sous les morsures de la pourriture, additionné au poids de mon propre corps les pressant. Mon pas était lourd de mélancolie. Combien d'heures avions nous bien pu passer ici ? Ce lieu avait vieilli, par contre. L'étang était le même, verdâtre, encombré de déchets, mais tout le reste paraissait suranné. Les rameaux des arbres couvrant le "tunnel" avaient pousser, et je devais désormais m'accroupir pour avancer le long de cette allée végétale. Je passais devant le manoir, je m'attendais, comme dans un conte pour enfant, à le voir désormais abandonné mais je fus déçu de constater que, bien au contraire, il grouillait de vie. Les riches propriétaires s'engueulaient lors de ce qui semblait être un déménagement. Je poursuivais mon chemin sans qu'ils ne me porte la moindre attention. Devais-je la fermeture du sentier à ces dits-propriétaires ? Je n'avais pas envie de demander.

J'allais jusqu'au bout du parcours, et tombait sur la grille qui séparait sa sortie du parvis du collège. Fermée. Ah, ça, elle n'était pas bien haute, et j'aurais pu l'escalader, mais deux jardiniers me voyait de l'autre côté et... j'avais grandi. Je faisais maintenant grand cas de ce que deux jardiniers inconnus pourraient penser de moi. Fini les courses après les fantômes et les pitreries aériennes. J'avais grandi.

En faisant demi-tour, je comprenais que je ne serais plus jamais un lycéen. Alors je repasse devant l'école, et la surveillante générale me regarde sans me reconnaître. C'est terminé.

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